4 novembre 2025

Les secrets bien gardés d’Authon : Les curiosités naturelles qui font la différence

Un relief « à la Authonnaise » : petites vallées, grandes particularités

Authon, contrairement à bien des villages loir-et-chériens posés sur des plaines monotones, affiche un profil tout en douceurs et replis. C’est d’abord une histoire de vallées, dessinées par la nature et entretenues par les siècles.

  • La vallée du Bavet — Ce modeste ruisseau, long de 16,7 km selon le Sandre, sculpte patiemment son chemin et donne à Authon ce fameux relief vallonné tant apprécié par les randonneurs. Le fond de vallée abrite une végétation plus fraîche et dense, bien différente des plateaux céréaliers qui l’entourent.
  • Les pentes de tuffeau — Authon, c’est aussi des coteaux crayeux, parfaits pour la culture maraîchère. Le tuffeau, plus poreux que le sol des villages voisins (où argiles et sables dominent), explique la présence de jardins et de caves troglodytiques, héritage que bien peu de communes du canton peuvent revendiquer à ce point.

L’alternance entre vallons encaissés et plateaux ouverts procure un petit air de “petite Suisse” que les autres villages n’ont pas. Marcher du hameau d’Onzain à la butte de Bois-Daleau, c’est changer d’ambiance tous les kilomètres.

Bois mystérieux et forêts d’exception

Impossible de parler du coin sans évoquer ses forêts, ces “poumons verts” qui encadrent Authon et qui, dans la région, font figure quasi d’îlots. La commune donne directement sur l’impressionnant massif boisé de la forêt de Gastines (plus de 700 hectares partagés entre Authon, Ambloy et Sasnières).

  • Flore de vieille souche — En se baladant, on croise des chênes sessiles pluricentenaires, des hêtres et des charmes rares pour le secteur (source : ONF). Quelques parcelles, quasi âgées de 200 ans, n’ont jamais vu la charrue ni les labours, ce qui explique leur richesse en champignons et en mousses.
  • Refuge pour la faune — Chevreuils, blaireaux, écureuils roux se rencontrent, mais aussi (plus insolite), la chouette chevêche, un rapace protégé qui affectionne les vieux vergers au nord d’Authon. Les ornithologues pointent chaque année une dizaine de couples nicheurs, un record local (source : LPO Loir-et-Cher).
  • Champignons à foison — Girolles et trompettes-de-la-mort poussent ici comme… des champignons ! Les connaisseurs savent que les versants orientés nord, bien humides, tiennent la dragée haute aux coins plus “classiques” du Perche.

À la différence de nombre de villages du Vendômois, où l’exploitation agricole a souvent mangé la forêt, le pourtour d’Authon reste couvert sur près de 30 % de sa surface (source : INSEE).

Authon, terre d’eau et de sources cachées

Autre trait singulier du terroir authonnais : l’eau, omniprésente sous toutes ses formes. On pourrait croire que le Loir-et-Cher est trop sec pour offrir des points d’eau naturels dignes de ce nom... et pourtant!

  • La fontaine de la Grande Jarousse — Cette source jadis réputée “miraculeuse”, s’écoule à mi-hauteur du coteau, alimente un lavoir encore debout et attire aujourd’hui libellules, grenouilles, et parfois, le héron, qu’on n’attendait pas si loin du Loir (source : Mairie d’Authon).
  • Les mares temporaires — Ces dépressions se remplissent l’hiver et s’assèchent en été. Elles sont le théâtre discret de la reproduction de toute une petite faune : tritons crêtés, salamandres et crapauds calamites. On ne les trouve pas dans tous les villages alentour, faute de sols adaptés.

Authon, c’est aussi une belle densité de puits anciens : près de 120 recensés sur la commune (soit près d’un tous les 150 mètres dans la zone bâtie !). Rares sont les villages du coin où le patrimoine hydraulique atteint cette densité (source : Inventaire communal 2017).

Un terroir « haut en saveurs » : vergers et variétés anciennes

Les curiosités naturelles, ce sont aussi des humus, des terres, et tout ce que la main de l’homme a su – ou pu – préserver. Ici, pas question de grande monoculture à perte de vue : le terroir authonnais accueille une mosaïque agricole assez singulière, héritée d’un sous-sol singulier.

  • Les vergers “authonnais” — Pommes, poires, prunes… mais surtout d’anciennes variétés introuvables ailleurs : la Reinette d’Authon, la poire “Présidente”, la prune “de Sologne”. Plusieurs arbres ont plus de 100 ans et survivent à peine dans les villages voisins, souvent remplacés par des pommiers plus “modernes”.
  • Fraisiers à flanc de coteau — Souvent cités à juste titre (voire dégustés au printemps au marché), ils bénéficient d’un sol léger et d’un microclimat, entre humidité du ruisseau et exposition plein sud.
  • Jardins vivriers de taille modeste — Tradition authonnaise : le potager de 200 m², bourré de tomates, courgettes, et pommes de terre “Altesse”. Dans les communes voisines, les surfaces ont parfois été rognées par l’urbanisation ou retournées à la culture du blé.

En 2019, l’Inventaire des arbres remarquables du Loir-et-Cher n’a recensé que 4 poiriers bicentenaires dans tout le canton de Montoire, dont deux… à Authon (source : CAUE 41).

Une biodiversité précieuse : espèces rares et rencontres inattendues

La nature authonnaise abrite quelques surprises dignes de la “bible” des naturalistes locaux.

  • Cigogne noire — On s’attend à la croiser en Brenne, mais elle fait halte, deux fois l’an, sur les gravières de la vallée du Bavet (donnée confirmée en 2022 par l’Observatoire régional de la biodiversité Centre-Val de Loire).
  • Le nacré de la sanguisorbe — Ce papillon protégé profiterait ici de la présence de ses plantes hôtes, restées nombreuses dans les prairies de fauche authonnaises, alors qu’elles ont presque disparu dans les villages environnants, faute de fauche tardive.
  • Des lézards verts — Plus typiques du Sud-Ouest, ils se plaisent sur les murs chauffés au soleil et les talus de pierre sèche, rares dans la région hors du village.

Les recensements de la LPO confirment la présence, à moins de 1 km du bourg, d’au moins 85 espèces d’oiseaux nicheurs – score parmi les plus élevés du secteur, devant Ternay ou Saint-Arnoult.

Patrimoine souterrain et petites grottes inattendues

Le socle géologique d’Authon ne réserve pas ses secrets qu’aux botanistes. Il y a, sous les pieds des promeneurs, tout un monde oublié, parfois accessible : les grottes dites “des Grands Fonds”, et toute une série de petites cavités creusées dans le tuffeau.

  • Caves troglodytes — Certaines servaient à la conservation du vin ou des légumes, d’autres furent réaménagées en habitation de fortune au début du XX siècle. Dans les villages voisins, ce sont plutôt des caves à champignon, souvent récentes ou effondrées. À Authon, on compte pas moins de 17 caves “troglos” recensées (source : Patrimoine & Histoire 41).
  • Grottes des Grands Fonds — Un habitat saisonnier dès le haut Moyen-Âge, d’après les fouilles menées dans les années 1980. Les traces (foyers, restes d’outils) visibles érudit ou curieux attestent d’un usage beaucoup plus ancien que la plupart des abris voisins.

Un détail ? Plutôt une signature souterraine qui ajoute à la singularité du village : l’Authonnais a aussi vécu sous terre.

Balades et curiosités à portée de bottes

Autant le dire : Authon, c’est un grand terrain de jeux pour les marcheurs, à condition de choisir un sentier pas trop “classique”.

  1. Le circuit du Bavet (8 km) : vallées verdoyantes en hiver, tapis de jonquilles au printemps sur les bords du ruisseau – panorama sur la campagne au retour.
  2. Les pentes du Bois Pannevier : petites “montagnes” de la région, on grimpe de 90 à 147 mètres d’altitude – record local – avec vue sur l’ensemble du plateau authonnais (carte : IGN, série bleue).
  3. Chemin des troglos : circuit d’1,5 km jalonné de grilles rouillées et de portes semi-enterrées, où le passé de viticulteur remonte à la surface.
  4. Les vergers oubliés (entre la Chaussée et le Fay) : à visiter au printemps ou en automne pour apprécier la diversité des pommes et poires anciennes du coin, certaines étiquetées par les bénévoles de l’association “Vergers vivants en Loir-et-Cher”.

Pas besoin de partir au bout du monde ou de s’inspirer d’itinéraires tout faits : ici, chaque balade réserve son lot de petits “trésors”.

Quand la nature façonne l’esprit du village

Autour d’Authon, la nature n’est pas qu’un décor. Elle imprime sa marque, jusque dans le mode de vie. Les fêtes au bord du Bavet, les concours de paniers de fraises, la cueillette des champignons à l’automne, les soirées contes dans les grottes : autant de traditions qui ne pourraient exister sans cette belle diversité naturelle. Et c’est peut-être ici, dans ces curiosités discrètes ou spectaculaires, que se reconnaît l’authenticité d’Authon.

Alors, pourquoi ne pas enfiler ses souliers – ou ses bottes – pour redécouvrir, au fil des saisons, ces merveilles toutes proches ? Car si les villages voisins ne manquent pas de charme, il flotte ici un petit supplément d’âme… et de nature, évidemment.

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