29 août 2025

D’Authon d’hier à aujourd’hui : les grands jalons d’un village bien vivant

Remonter le fil : Authon, d’un bout de forêt à un village bien ancré

Impossible de comprendre le visage d’Authon sans gratter un peu la mousse de son histoire. Derrière la quiétude actuelle, il y a des siècles de transformations, de chantiers partagés, d’élans parfois discrets, souvent puissants. Ce texte va tenter de raviver les grandes heures et petites anecdotes de ce village, pour raconter comment Authon est devenu, peu à peu, ce coin attachant du Loir-et-Cher où il fait bon prendre racine.

Les premiers peuplements : des racines vieilles comme nos chênes

Bien avant que nos ruelles ne voient passer les vélos, Authon était un bout de terre en lisière de la forêt de Boudré, un “hameau entre deux eaux” comme le raconte l’abbé Charles Chevalier dans sa notice historique sur Authon publiée vers 1890 (source : patrimoine-authonais.fr). Les traces archéologiques sont discrètes mais réelles : éclats de silex et fragments de céramique, exhumés au XIX siècle lors de travaux agricoles, laissent entendre que nos terres étaient déjà habitées à la période gallo-romaine – rien de clinquant, mais signe que l’eau et les sous-bois attiraient déjà les hommes.

Quelques légendes évoquent une motte castrale, près de l’actuel bourg, qui aurait abrité un premier site défensif autour du XI siècle. Ce n’est donc pas d’hier qu’Authon veille sur ses chemins et ses frontières, dont les limites furent longtemps disputées avec le village voisin de Villechauve.

Moyen Âge : l’affirmation d’un bourg autour de l’église Saint-Martin

Dès le XI - XII siècle, c’est autour de l’église Saint-Martin que la vie s’articule. L’église primitive, plusieurs fois remaniée, reste un témoin majeur : son portail roman et ses modillons sculptés rappellent que, déjà, Authon regardait vers la Vallée du Loir tout en préservant son identité de “village en hauteur”. A cette époque, le village s’organise autour des seigneurs du lieu (les familles de La Haye notamment), dont le château fortifié sera, plus tard, détruit puis reconstruit sous diverses formes.

  • Création des premiers marchés : la charte de foire, accordée par les comtes de Vendôme vers 1450 (chronique : archives départementales de Loir-et-Cher), pose la première brique d'une vie économique locale tournée vers les échanges agricoles et artisanaux.
  • Développement de l’agriculture : céréales, vignes dans les côteaux… le paysage agricole se dessine déjà, et façonnera la commune jusqu’au milieu du XX siècle.

Ancien Régime : essor, défis climatiques et épidémies

Entre le XVI et le XVIII siècle, Authon vit à l’ombre de grandes familles terriennes qui se partagent terres et fermes ; le cadastre napoléonien gardera la trace de noms persistants dans la toponymie. Pierre à pierre, les maisons du centre-bourg prennent leur allure actuelle avec leurs encadrements de tuffeau et leurs toits d’ardoise. Sur les cartes de Cassini parues en 1756 (référence : IGN), Authon fait figure de commune structurée, bien identifiée parmi le maillage des routes et sentiers.

Mais tout n’est pas jolies pierres et champs prospères :

  • La peste de 1624 s’abat sur Authon, réduisant d’un quart la population en moins de trois ans (source : archives paroissiales, citées dans le Bulletin de la Société archéologique du Vendômois).
  • Le “petit âge glaciaire” entraîne au XVII des récoltes calamiteuses. On retient notamment l’hiver 1709, un des pires jamais enregistrés, où la Loire gèle sur plusieurs kilomètres et où, raconte une chronique, “le pain manqua même chez les curés”.

Pour autant, la vie s’organise, portée par la solidarité de la paroisse et des confréries paysannes. A la veille de la Révolution, Authon compte déjà autour de 800 habitants (Statistiques de l’abbé de Meung, 1788).

Révolution, XIX siècle et essor communal

Avec la Révolution, Authon devient commune et élit son premier conseil municipal en 1791. La période voit s’affirmer, petit à petit, un sentiment d’appartenance communal. La mairie actuelle, bâtie en 1873, est le symbole de cette volonté de s’ancrer dans la République. Les archives municipales (authon41.fr, consultées en 2022) révèlent aussi :

  • L’ouverture de l’école publique mixte en 1837, suivie de la création d’une bibliothèque populaire en 1894.
  • La construction de la halle, désormais disparue, alors centre vital du commerce local (l’emplacement correspond aujourd’hui à la Place de la République).
  • La création de la première société de secours mutuels en 1885, prémices de la solidarité associative encore vivante aujourd’hui.

Portrait d’Authon vers 1900 : entre tradition et modernité

  • Population : environ 1020 personnes (recensement INSEE de 1901).
  • Une cinquantaine d’exploitations agricoles, dont plusieurs “fermes modèles” étudiées par les étudiants de l’institut agricole de Blois (source : Bulletin agricole, 1903).
  • Deux cercles de boulistes et une société de tir, preuve que la convivialité ne date pas d’hier !

Du XX siècle à aujourd’hui : bouleversements et reconquête rurale

Entre guerres et résistances locales

Comme partout en France, Authon ne sort pas indemne des deux guerres mondiales :

  • Sur le monument aux morts, 29 noms pour la Grande Guerre, 7 pour la Seconde – des familles entières marquées.
  • Légère occupation allemande du village en 1940-44, des réseaux de résistants actifs notamment dans la zone boisée à l’ouest (source : “La Résistance en Loir-et-Cher”, par G. Potier, 1994).
  • Arrivée des premiers réfugiés et familles déplacées, la commune servant de point de passage vers la zone libre.

Après guerre, Authon comme toute la région connaît la lente hémorragie rurale : la population passe de 987 habitants (recensement 1946) à 684 en 1975. Comme le rapporte le journal La Nouvelle République, l’époque est rude, marquée par l’exode des jeunes vers le Vendômois et Blois, et la fermeture de plusieurs commerces historiques.

Le tournant des années 1980 : réveil associatif et retour des familles

  • Création du premier club de randonnées (1981) et de l’Amicale laïque, moteurs de l’animation locale.
  • Réouverture d’une boucherie et d’une boulangerie, grâce à des coopératives locales (1986-88).
  • Reconversion des terres ex-cultivées en potagers familiaux et vergers.

On assiste alors à l'installation de premières “néo-ruraux” (terme du recensement INSEE 1990), avec une diversité croissante des métiers et des lieux de résidence, ce qui amorce la stabilisation puis la douce remontée démographique du village : 710 habitants en 1999, 765 en 2010.

Authon aujourd’hui : un développement équilibré et résolument local

Les atouts d’une ruralité créative au XXI siècle

  • Dynamisme associatif : Plus de 17 associations actives en 2024, couvrant sport, culture, nature et entraide, un record pour un bourg du Loir-et-Cher (source : mairie d’Authon).
  • Revitalisation des services : la réouverture progressive de la médiathèque (2021), la maison de santé pluridisciplinaire (2022), trois nouveaux commerces. Les circuits courts agricoles représentent déjà 28% des débouchés locaux.
  • Revalorisation patrimoniale : l’église Saint-Martin a bénéficié d’un programme de restauration soutenu par la DRAC, les anciennes halles sont régulièrement animées par des marchés et brocantes.

Le paysage agricole d’Authon s’est diversifié – les fraises, chères à nos papilles, tiennent aujourd’hui compagnie aux pommes, aux petits fruits rouges et au fameux miel local, dont la production totale a doublé sur les vingt dernières années, atteignant la cinquantaine de ruches recensées en 2023 (source : syndicat apiculteurs Loir-et-Cher).

Démographie, habitat, nouveaux enjeux

  • Population : 835 habitants recensés en janvier 2024 (source : mairie), la plus forte progression depuis le début du XXI siècle.
  • Près de 18% de résidents nouveaux en 10 ans, venus aussi bien de Tours, Paris ou du sud de la région (INSEE, flux migratoires Loir-et-Cher 2013-2023).
  • Développement de l’habitat durable : plus d’une douzaine de maisons construites aux normes HQE ou BBC, dont deux écolotissements à l’étude.

Les projets autour de la transition écologique prennent le relais : cantine bio à l’école, groupe citoyen “Zéro déchet”, nuits des étoiles au col du Ruisseau, et une dynamique économique axée sur l’artisanat de proximité (fromager, céramiste, ateliers partagés).

Moments charnières à retenir

Année Événement clé
~1100 Premier bourg autour de l’église Saint-Martin
1450 Charte du marché local
1624 Peste dévastatrice
1791 Première élection municipale
1837 Ouverture de l’école publique
1946 Recul démographique (conséquence des guerres)
1981 Création du premier club de rando, renouveau associatif
2022 Ouverture de la maison de santé, relance démographique

Un territoire en mouvement, fidèle à ses racines

Le développement d’Authon, c’est une histoire de cycles, d’épreuves traversées et de renaissances discrètes. Chaque époque a laissé sa patte : du soc des labours aux cafés animés du samedi matin, des résidences de tuffeau aux jeunes pousses qui rêvent de reprendre une ferme ou un commerce.

Si Authon bouge, c’est aussi parce que ceux qui y vivent, qu’ils y soient nés ou qu’ils aient posé leurs valises plus tard, ont gardé le goût du collectif et du “bon sens paysan” – celui qui rassemble, ose innover et sait, quand il le faut, regarder en arrière pour tracer l’avenir. Les grandes étapes de son développement témoignent d’une vitalité qui ne demande qu’à se raconter, à chaque coin de rue, à travers chaque sourire croisé au marché ou chaque idée partagée lors d’un conseil de village.

Pour aller plus loin sur l’histoire locale : site de la Patrimoine Authonais, Archives départementales du Loir-et-Cher, ouvrages consultables à la médiathèque d’Authon… ou tout simplement, en écoutant les anciens lors de la prochaine fête de la soupe !

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