Dans le paysage paisible d’Authon, entre vallons, ruisseaux et bâtisses en tuffeau, certains soirs semblent plus chargés d’histoires que d’autres. À la terrasse d’un café ou sous un porche moussu, quelques anciens laissent parfois échapper une anecdote hors du temps, une légende sucrée ou salée, bien locale. Les secrets d’Authon ne sont peut-être pas ceux d’une grande ville, mais le village n’a rien à envier à Brocéliande ou aux mystères de Loch Ness côté étrangeté !
Perchée sur les hauteurs du village, la Tour d’Authon intrigue autant qu’elle donne le vertige. Elle n’a pourtant rien d’une authentique construction médiévale : il s’agit d’un ancien moulin à vent, reconverti en tour de guet au XIXe siècle. Pourtant, la rumeur court depuis des décennies : les nuits brumeuses, un fantôme s’y promènerait.
A-t-on affaire à une véritable hantise ou à une fantaisie propice à entretenir l’unité du village ? Ce qui est sûr, c’est que la Tour d’Authon s’impose comme un repère à histoires à raconter au coin du feu.
Impossible d’évoquer le patrimoine mystérieux sans mentionner les souterrains recensés à la marge du village. Plusieurs témoignages, notamment dans les années 1930-1950, faisaient état d’un réseau sous-terrain reliant l’église à la campagne, que des enfants aventureux auraient tenté d’explorer à la lueur de lanternes. On évoque souvent :
Aucune fouille officielle n’a permis de mettre au jour ces passages. Reste la mémoire collective qui, elle, s’ancre profondément. Pas un Authonnais d’un certain âge qui n’ait entendu parler des souterrains, et pas un enfant qui n’ait voulu, à un moment, percer leur secret !
Le Loir-et-Cher, comme la Sologne proche, eut son lot de sorcellerie et de croyances un peu déjantées entre le XVIe et le XVIIIe siècle (voir les travaux d’Alain Yaouanc, spécialiste des croyances populaires). Authon n’en est pas exempt :
Aujourd’hui, il n’est plus question de malédictions – les sorcières ont disparu, faute d’élèves volontaires. Mais le patrimoine en garde la trace, et il n’est pas rare que certains balades guidées évoquent ces récits.
En longeant le sentier de la Chanterie, on remarque d’étranges blocs de pierre alignés à intervalles réguliers. Certains y voient des bornes milliaires gallo-romaines. Pourtant, aucune fouille n’a confirmé l’origine de ces pierres. Elles pourraient tout aussi bien être des limites de propriétés du Moyen Âge – ou de simples éléments de parcelles agricoles.
L’histoire d’Authon ne tient pas qu’à des fantômes ou des souterrains ; ce sont aussi des personnages authentiques qui traversent la mémoire collective.
Aujourd’hui, l’heure est moins à la croyance qu’à la transmission. Les écoles du secteur organisent régulièrement des ateliers de collecte de la mémoire locale : enfants et anciens partagent récits et anecdotes, faisant jaillir le patrimoine oral d’Authon.
Si par chance, vous passez une soirée d’hiver dans Authon, tendez l’oreille. Les pierres du vieux bourg savent parfois se faire bavardes : une anecdote oubliée, un frisson, et, qui sait, peut-être l’envie d’ajouter votre propre histoire à celles qui courent déjà le long des sentiers. Authon vit de ses petites énigmes, qu’elles soient d’hier ou de demain. Un terrain de jeu idéal, non seulement pour les promeneurs et les curieux, mais aussi pour ceux qui pensent que chaque village a droit à ses légendes – et que c’est cela, le sel de la vie locale.