25 août 2025

Les grandes figures qui ont marqué Authon : entre mémoire locale et rayonnement national

Un président dans la vallée : François de Rugy, l’enfant du pays

Dès qu’on parle de figures nationales, difficile de ne pas s’arrêter sur le Château de la Cave, fièrement dressé sur la commune d’Authon. C’est ici que François de Rugy – ancien président de l’Assemblée Nationale (2017-2018), puis Ministre de la Transition Écologique dans le gouvernement d'Édouard Philippe – a longtemps puisé ses racines familiales. Né à Nantes, mais très attaché à Authon par la branche de sa famille maternelle, François de Rugy a posé ses valises plus d’une fois dans ce coin du Vendômois.

  • Le château familial, inscrit comme monument protégé depuis 1989, a été construit entre le XVIe et le XVIIe siècle, et appartient depuis plus d’un demi-siècle à la famille de Rugy.
  • François de Rugy y a organisé à plusieurs reprises des rendez-vous politiques confidentiels loin de l’agitation parisienne – une tradition héritée des notables locaux qui façonnèrent jadis la vie politique rurale (Source : Le Parisien).
  • Le château a récemment ouvert ses portes à certaines animations culturelles ponctuelles, poursuivant ainsi le dialogue permanent entre patrimoine privé et vie locale.

Au-delà de ses fonctions prestigieuses, François de Rugy a souvent fait référence dans ses discours à l’enracinement de son engagement dans la ruralité, évoquant d’ailleurs Authon comme une source d’inspiration. Un exemple parfait du pont entre grande histoire et ancrage local.

Un autre Rugy célèbre : Charles Hervé-Gruyer, pionnier de la permaculture

Toujours au château d’Authon, parfois en visite auprès de ses proches, une autre figure s’invite : Charles Hervé-Gruyer. Si ce nom ne vous dit rien tout de suite, peut-être connaissez-vous la réputée ferme biologique du Bec Hellouin, en Normandie, cofondée par Charles… Eh bien, sachez que ce fervent défenseur de la terre nourricière a de temps en temps retrouvé les jardins d’Authon, pointant la persévérance d’une famille amie de la nature et du patrimoine rural.

  • Charles Hervé-Gruyer a publié plusieurs ouvrages de référence sur l’agroécologie, dont “Permaculture, guérir la terre, nourrir les hommes” (Actes Sud, 2014).
  • Il a collaboré avec l’Université de Versailles et l’INRA pour faire avancer la micro-agriculture en France ; ses méthodes inspirent directement plusieurs projets montés par de jeunes agriculteurs autour d’Authon.
  • Lors de rencontres locales (2017, 2019), il a partagé autour des pratiques de la permaculture et sur l’importance de relier savoir-faire ancestraux et approches innovantes dans les petits villages (Source : Reporterre).

La rumeur de Churchill : l’étonnant destin du cimetière d’Authon

Les visiteurs du cimetière communal auront peut-être remarqué une tombe qui intrigue, à juste titre : celle de la famille Churchill-Denham. Car Authon, bien loin de la Tamise, héberge la sépulture d’une branche franco-britannique de la dynastie Churchill.

  • Le lieutenant-colonel Charles Richard John Spencer-Churchill, membre de la famille de Winston Churchill, repose depuis 1934 à Authon, dans le caveau familial du cimetière (Source : Geneanet).
  • C'est la plus ancienne branche Churchill ayant élu terre française, après que son père, Lord Charles Henry Churchill, diplomate britannique du XIXe siècle, posséda des propriétés en Loir-et-Cher.
  • La famille Churchill-Denham a activement participé à la vie culturelle locale, notamment en soutenant les écoles communales (archives municipales d’Authon).

Attention toutefois à ne pas confondre : Sir Winston Churchill n’a jamais vécu à Authon, malgré une persistance amusante de la légende selon laquelle il y aurait passé des étés chez une “dame du village”. L'Histoire aime les raccourcis, le folklore se charge parfois du reste !

Les grandes dames d’Authon : la Comtesse de Boisgelin et ses œuvres philanthropiques

Parlons aussi des femmes ayant marqué le paysage local. Parmi elles, la Comtesse Marie de Boisgelin. Au début du XXe siècle, cette figure du Loir-et-Cher, propriétaire du discret mais élégant « manoir de Boisgelin » à Authon, s’est engagée très tôt auprès des plus défavorisés.

  • Elle fonda à la fin de la Première Guerre mondiale un dispensaire pour soigner les enfants victimes de malnutrition, en coopération avec l’Office départemental d’hygiène sociale (archives départementales du Loir-et-Cher).
  • Elle finança la restauration de la fontaine Saint-Étienne, dont l’eau était réputée miraculeuse et fut longtemps utilisée lors de cérémonies (Source : bulletin paroissial des années 1920).
  • Elle est citée dans “Dames et bienfaitrices du centre de la France”, ouvrage de la Société historique du Loir-et-Cher (édition 1954).

Passée un peu sous les radars de l’Histoire nationale, cette comtesse a pourtant laissé des traces concrètes encore visibles aujourd’hui, rien que dans la toponymie et certaines festivités du village.

Artisans, inventeurs et personnages de l’ombre : la renommée discrète

Si Authon ne regorge pas de têtes d’affiche comme Paris ou Tours, il n’en reste pas moins le creuset de nombreuses “sommités discrètes” :

  • Jules Baillarguet, horloger du village au milieu du XXe siècle, a passionné tout un pan de la région en montant l’une des premières horloges électriques installées dans une église rurale en France (Source : La Nouvelle République).
  • Martine Robinet, brodeuse autodidacte, primée deux fois lors des expositions artisanales régionales dans les années 1980, dont les motifs se retrouvent sur certains costumes traditionnels d’Authon.
  • Le “Curé volant” – surnom donné à l’abbé Pierre-Aimé Rolland, curé au tournant du XIXe siècle, qui traversait la campagne sur sa bicyclette pour desservir plusieurs paroisses à la fois.

Moins connus, ces personnages reflètent tout de même l’esprit d’ingéniosité et de solidarité qui fait la marque d’Authon.

Authon et la grande Histoire : échos de la Seconde Guerre mondiale

Impossible d’ignorer le rôle tout particulier – souvent discret mais essentiel – d’Authon pendant la Seconde Guerre mondiale. Le village fut un point de chute pour plusieurs acteurs du réseau de résistance “Réseau Cohors”, piloté depuis Tours.

  • Le docteur René Joulia, installé à Authon en 1938, fut un relai logistique majeur de la Résistance (Source : Musée de la Résistance en Ligne).
  • La localité abritait une cache d’armes et une planque pour familles juives, dans une grange aujourd’hui transformée en résidence secondaire.
  • Après la Libération, la municipalité fut décorée de la Croix de Guerre collectivement le 4 août 1945, une rareté pour un village de cette taille au cœur du Centre-Val de Loire.

Aujourd’hui, la stèle commémorative aux abords de la mairie rappelle cette mémoire résistante, qui continue d’inspirer chaque génération d’habitants et de visiteurs.

Des histoires à écrire, des talents à rencontrer

Loin des “stars” de passage, Authon se distingue donc par ces portraits variés, à mi-chemin entre notoriété établie et influence locale. Le village cultive ce goût de la transmission et de l’entraide, portées par des personnalités connues ou plus confidentielles, anciennes ou contemporaines. Peut-être la vraie célébrité d’Authon, finalement, c’est justement d’avoir su garder vivantes les voix qui font battre le pouls de son histoire.

D’autres découvertes restent à faire : la mémoire orale, les vieux registres, les récits glanés au détour d’un jardin ou au fil d’un café partagé… qui sait si, parmi nos contemporains ou nos visiteurs, ne germe pas déjà le prochain nom marquant d’Authon ?

En savoir plus à ce sujet :