1 septembre 2025

Balade à travers le temps : les empreintes du passé à Authon qui racontent encore des histoires

Des pierres qui murmurent : vestiges architecturaux et patrimoine bâti

Un château tout en discrétion

Le château d’Authon domine le village depuis le XVe siècle – pas la plus fameuse des forteresses du Val de Loire, mais sans doute l’une des plus bienveillantes sur ses terres. Ses tourelles coiffent encore le coteau, au-dessus de la vallée de la Brenne. Au fil des siècles, il a vu défiler seigneurs, familles bourgeoises, et même, plus récemment, quelques « hôtes » inattendus durant la Seconde Guerre mondiale.

  • Construit au XVe siècle, transformé au XIXe, il conserve son plan quadrangulaire typique, avec un corps de logis central.
  • Il ne se visite pas à l’intérieur, car c’est une propriété privée ; mais la promenade autour offre de jolies vues (source : Mérimée - Ministère de la Culture).

Entre deux haies, on aperçoit ses pierres claires, qui, au coucher du soleil, prennent une belle couleur miel — un vrai décor de roman, parfois animés par les bénévoles lors des Journées du Patrimoine.

L’église Saint-Martin : fidèle sentinelle depuis le XIIe siècle

Impossible de manquer l’église romane placée sur sa butte. Classée Monument historique, elle veille sur les vivants comme sur les vieilles pierres.

  • Édifiée à la toute fin du XIIe siècle, elle a traversé guerres, Révolution, inondations, sans broncher.
  • Son clocher roman et sa nef sont parmi les mieux conservés du secteur du Perche vendômois.
  • On y repère des modillons sculptés, témoins de l’art roman local (source : Patrimoine religieux.fr).

À l’intérieur, des fresques restaurées (pour certaines datées du Moyen-Âge) illustrent des scènes saintes ; l’autel, quant à lui, mélange l’ancien et le nouveau puisqu’il a été remanié au XIXe. Ne manquez pas les vitraux : ils racontent à leur manière la foi d’un village à travers les siècles.

Fermes anciennes et lavoirs d’antan

Passé le centre-bourg, Authon dévoile une autre facette de son petit patrimoine : ces fermes longilignes, faites de tuffeau et de briques, avec murs épais et toitures à la Mansart. Nombre de ces bâtiments datent du XVIIIe ou du XIXe siècle — les linteaux gravés en témoignent encore.

Les lavoirs, eux, sont plus modestes mais tout aussi évocateurs : il en subsiste encore deux à Authon (l’un du côté du Martinet, l’autre vers Les Bondis).

  • Ces lavoirs datent du XIXe siècle, époque à laquelle le lavage collectif était un rituel social fort du village.
  • Leur restauration, en 2017, a fait l’objet d’un projet mené par des habitants et la mairie (source : Bulletin municipal 2017).

Ils rappellent que l’eau, comme la parole, circule et tisse les liens entre les générations.

La vie rurale restée vivante : traditions agricoles et mémoire collective

Les commices et la culture du terroir

À Authon, cette « trace du passé » ne se résume pas à quelques pierres ou manuscrits. Le mode de vie agricole façonne encore les paysages : prés-vergers, haies bocagères (sur près de 60 km tout autour d’Authon), chemins creux — tout cela hérité d’un découpage remontant aux défrichements du Moyen-Âge.

  • Le comice agricole local, relancé en 1857, avait pour but de primer les meilleures bêtes et produits.
  • Des familles cultivent encore les variétés anciennes de pommiers ou le raisin d’Isabelle, marqueurs du terroir local.

Les fermes du hameau du Fresne ou de la Bourboire sont régulièrement citées comme « archives vivantes » dans les interviews des anciens publiées dans le bulletin communal de 1996.

Lieux-dits et toponymie à la saveur d’hier

La carte communale d’Authon semble sortie d’un roman de Giono : Les Meuniers, Les Bruyères, La Croix du Chêne… Autant de noms qui racontent les vocations d’autrefois ou les familles fondatrices.

  • Les « Folies » : indique historiquement un domaine rural d’agrément au XIXe siècle.
  • Le « Martinet » : du nom du moulin disparu (XVIIIe), qui forgeait alors les outils pour les paysans du secteur (source : Archives départementales, série F).

Ces noms, c’est le catalogue à ciel ouvert du passé d’Authon, encore bien vivant sur les pancartes ou dans la bouche des anciens.

Empreintes du XXe siècle : Résistance et Seconde Guerre mondiale

Tous les villages de France ont leurs souvenirs de la guerre ; à Authon, quelques traces matérielles et beaucoup de mémoire orale perpétuent ces heures pas si lointaines.

  • Le monument aux morts, inauguré en 1921 sur la place de l’Église, regroupe aujourd’hui les plaques des morts de 1914-18 et 1939-45.
  • Une stèle rue des Sabotiers rappelle le crash d’un avion anglais RAF (Halifax MZ 418) dans la nuit du 7 au 8 mai 1944, abattu par la DCA allemande lors d’un parachutage aux maquis du Perche (voir : « Les combats du Perche Vendômois » par Pierre Jaouen).
  • Certains souterrains sous les fermes auraient servi de planques, selon les récits rapportés lors de la Commémoration du 8 mai (Bulletin 2018).

Ces histoires, transmises par les familles – parfois en chuchotant pour ne pas attirer d’ennuis – font désormais partie du patrimoine local. Un grand panneau explicatif installé au cimetière du Bourg, à l’initiative des scolaires en 2019, rappelle le rôle des enfants d’Authon dans la transmission de la mémoire.

Petites traces mais grandes histoires : anecdotes et curiosités locales

Les métiers disparus, mais pas oubliés

La forge du « père Babin », en bas du village, a disparu en 1956, mais on retrouve encore dans certaines granges ces imposantes enclumes ou des fers à cheval estampillés au nom du maréchal-ferrant. Les sabotiers, qui « chaussaient la Brenne » (l’expression fait sourire…), étaient encore trois ateliers au début du XXe siècle, d’après un recensement de 1907 (source : Archives INSEE, 1907).

  • Un panneau pédagogique, près des anciens ateliers, a été posé lors de la Fête du Patrimoine 2021.
  • Le boulanger, quant à lui, perpétue la cuisson dans le four ancien de la rue du Four Banal – la tradition de la fête du pain chaque été assure que la recette (et le savoir-faire) résiste au temps.

Le puits de la place et autres « repères à histoires »

Le puits central, sur la place de l’Église, donne là encore matière à souvenir. Jadis, on venait y puiser l’eau, discuter, refaire le monde – et cultiver quelques potins, selon la rumeur ! Un discret graffiti gravé « 1878 – CP » rappelle une « histoire d’eau » qui aurait fini à la maréchaussée, mais chut… cela reste à vérifier.

Les calvaires en bordure de village, eux, sont souvent de simples pierres dressées. On dit que l’un d’eux, route de Chemillé, rappelle le fatal accident d’une charrette renversée par un cheval rétif – histoire vraie ou légende transmise, difficile à savoir. Elles font partie de ces marques invisibles du passé qu’on devine plus qu’on ne les déchiffre.

Parcourir Authon sur les traces du passé

Itinéraires et indices pour curieux

Explorer Authon, c’est un peu comme partir à la chasse au trésor. Il existe plusieurs boucles de randonnées balisées (13 km de sentiers communaux), dont un circuit spécial « patrimoine » élaboré avec l’Office de tourisme du Perche Vendômois.

  • Départ conseillé : place de l’Église, avec fléchage vers le château, puis par le sentier de l’Ancien Moulin, contournement des lavoirs, puis retour par la forêt du Martinet.
  • L’application « Baludik » propose une « chasse au trésor patrimoniale » à Authon depuis 2022, avec des indices disséminés autour des principaux sites (source : Office de tourisme Perche Vendômois).

Arpenter ces chemins permet de tisser son propre lien avec l’histoire : en prêtant l’oreille aux anecdotes glanées auprès des habitants, en observant les détails des bâtis ou en s’étonnant devant les trouvailles au coin d’une sente.

À chacun sa trace : faire vivre la mémoire d’Authon aujourd’hui

Si Authon n’est pas un musée à ciel ouvert, il est sans doute un livre vivant : ses pierres, ses noms de lieux, ses traditions agricoles, et ses histoires chuchotées au détour d’une ruelle. Prendre le temps d’y marcher, c’est s’autoriser à écouter ce que le passé a de plus précieux à nous offrir : un sentiment de continuité, cette saveur unique du local et du collectif.

Envie d’approfondir ? Rendez-vous au Cercle d’Histoire locale, chaque premier samedi du mois à la salle communale, ou consultez le fonds historique au CDI de Vendôme. Et surtout, ouvrez l’œil : la prochaine trace à raconter n’est peut-être pas encore inscrite dans les archives… mais court déjà dans le vent d’Authon.

  • Ressources consultées pour cet article :
    • Base Mérimée – Ministère de la Culture
    • Patrimoine religieux.fr
    • Archives départementales du Loir-et-Cher
    • Bulletins municipaux d’Authon (1996-2021)
    • Office de tourisme du Perche Vendômois
    • Ouvrage « Les combats du Perche Vendômois » de Pierre Jaouen
    • INSEE recensement 1907

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