31 octobre 2025

L’esprit d’Authon au fil des traditions : petites et grandes habitudes qui font notre village

Un village au cœur battant : l’importance des fêtes locales

Si l’on cherche des traditions d’Authon, impossible de passer à côté des fêtes qui rythment la vie communautaire, parfois contre vents et marées. À Authon, c’est d’abord la Fête de la Saint-Jean qui, depuis des générations, fédère la commune autour d’un grand feu et d’animations sur la place de l’église (d’après les archives du conseil municipal d’Authon, la Saint-Jean remonte au moins à la fin du XIX siècle). La coutume voulait qu’on y brûle les branchages collectés par les enfants puis, jusqu’au crépuscule, place était laissée aux chansons populaires et à la galette cuite sur place. Depuis quelques années, la fête s’est enrichie de concerts et d’un bal traditionnel – la relève n’est pas prête de s’éteindre.

Autre rendez-vous devenu incontournable, la fête du 14 juillet. Outre les classiques feu d’artifice, jeux pour enfants et bal populaire, Authon conserve la pratique – peu répandue dans le Perche voisin – du défilé costumé. Habitants jeunes et moins jeunes se prêtent au jeu, revisitant chaque année des thèmes différents (guinguette, années 1920, métiers d’autrefois...) et rappellent que la convivialité villageoise n’est pas un vain mot.

Mariages, baptêmes et bals de village : transmissions et rites

À Authon, certains rites ont laissé des traces plus diffuses mais persistantes, à l’image de l’habitude de la piste aux rubans lors des mariages : une tradition où les jeunes tentent, en courant, de découper un ruban tendu par la famille des mariés, symbole de passage à la vie adulte et aux responsabilités (Jean-Louis Marais, « Coutumes rurales en Vallée du Loir », éd. du Cherche Loin, 1992). Ce genre de traditions, confidentielles et transmises oralement, participent à forger l’identité du village, même si elles se sont faites plus rares.

À table ! Les plaisirs gourmands au goût d’Authon

On ne s’attend pas à trouver à Authon la diversité d’une vitrine gastronomique comme on en voit dans les grandes régions culinaires, pourtant, ici aussi, le goût fait patrimoine. Ce qui persiste, c'est l'attachement à certains produits et habitudes locales.

  • Les fraises d’Authon : Depuis les années 1970, la culture de la fraise s’est imposée dans le paysage local, notamment à la ferme de la Garenne. Si la fameuse gariguette a la part belle sur les marchés d’Authon et de Montoire, on ne boude ni la Charlotte ni la Mara des bois. Chaque printemps, le « premier panier » de fraises reste un petit événement bien local, souvent cueilli en famille (source : reportage France Bleu Touraine, 03/05/2022).
  • La soupe aux herbes sauvages : Qu’elle soit la star des repas conviviaux ou juste une tradition familiale, la soupe cueillie « au bord du chemin » – pissenlit, ortie, oseille et quelques secrets gardés – demeure une madeleine authonnaise, surtout au printemps.
  • Le pâté de Pâques : Partagé avec d’autres villages du Vendômois, ce pâté aux œufs durs et viande hachée a ses variantes locales. Entre recette héritée et disputes amicales sur « l’authentique façon », les tablées d’Authon font revivre ce mets chaque année, souvent en profitant du pain du four communal.

La table authonnaise, c’est avant tout la simplicité et cette capacité à faire « bon » avec le local, l’arrivé de chaque saison imposant ses produits et ses petits plaisirs partagés.

Patrimoine vivant : foires, marchés et commerce d’antan

Avant que la circulation ne dévie le cœur du bourg, Authon connaissait plusieurs foires annuelles dès le Moyen Âge, dont la plus fameuse se tenait à la Saint-Roch, le 16 août. Selon les registres conservés aux Archives Départementales du Loir-et-Cher (cote E 243-5), cette foire – où l’on vendait moutons, graines et étoffes – faisait voyager jusqu’à ici des marchands venus de la Sarthe et du Perche.

  • Le marché du dimanche matin : Aujourd’hui, si la grande foire n’est plus au calendrier, le marché d’Authon, tous les dimanches matin sur la place centrale, reste un temps fort. C’est le rendez-vous où s’échangent informations, recettes, coups de main, nouvelles des voisins. Les producteurs locaux (légumes, fromages, volailles) comme les nouveaux venus (apiculteurs, brasseurs) y trouvent leur place, preuve que le marché, loin d’être décoratif, reste au cœur de la vie du village.
  • L’épicerie-bar multi-services : Si ce n’est pas une tradition au sens ancien, la renaissance de l’épicerie-bar, ouverte en 2017 sur l’initiative de l’association Authon Village, fait figure de nouvelle coutume. On y partage le journal, un café, parfois une partie de belote, renouvelant un esprit de rencontrés et d’entraide que beaucoup pensaient perdu.

Les commerces qui disparaissent laissent souvent des traces minuscules mais tenaces : jusqu’au début des années 2000, on trouvait à Authon une couturière, un cordonnier, un sabotier – métiers qui, tous, avaient leur lot de gestes et rituels particuliers. Parmi ceux-ci, le fameux « coup de sabot » à l’entrée du bal annuel, destiné aux jeunes impétrants souhaitant montrer qu’ils avaient l’âge d’inviter à danser… Les archives orales de la commune en regorgent (enquête mémoire 2007, Mairie d’Authon).

Quand les saisons dictent leur loi : rituels naturels et habitudes partagées

Une tradition n’est pas toujours affaire de calendrier officiel : à Authon, le rythme du village épouse encore celui de la nature, à coups de gestes répétés d’année en année.

  1. Le ramassage des noix : En octobre, les familles arpentent les vergers pour ramasser les noix, dont une partie sert toujours à l’huile du moulin voisin, à Villavard. Le partage se fait souvent autour d’un café corsé, sur une nappe à carreaux. Un vrai petit rituel automnal.
  2. La coupe du bois « à la venelle » : Cette pratique consiste à couper son bois pour l’hiver en s’entraidant, lors de corvées locales. Plutôt que de moderniser à tout-va, Authon a gardé au fond de ses bois cette entraide saisonnière, héritée du temps des moulins et des fermes collectives, même si les tracteurs ont remplacé la hache.
  3. La Saint-Hubert : Bien que plus rare aujourd’hui, la tradition de célébrer la Saint-Hubert, patron des chasseurs, réunit encore chaque novembre chasseurs et familles autour d’une messe et d’un repas campagnard, l’occasion de revisiter les histoires de gibier et d’admirer les meutes de chiens, décor improbable sur la place du village (source : L’Écho du Vendômois, édition du 15/11/2019).

Savoirs oubliés et résurgences : traces d’autrefois et renouveau associatif

Si les grandes traditions d’antan sont parfois tombées en sommeil, il n’est pas rare qu’un événement local, un atelier ou un projet associatif leur redonne vie.

  • Les battages d’antan : En été, lors de la fête des associations ou du « Petit Patrimoine », une démonstration de battage à l’ancienne avec fléau attire curieux et écoles. On revisite alors la technique sur l’aire à battre derrière l’ancien presbytère, renouant avec un savoir-faire qui a longtemps rapproché les Authonnais.
  • Le carnaval des écoles : Moins folklorique qu’autrefois, il perpétue pourtant la tradition masquée – dès les années 1940, les enfants défilaient déjà avec des créatures de leur invention sur la Grand-Rue (témoignage, Marie-Thérèse Chabot, 89 ans).
  • Les chorales et la « Nuit des Églises » : Depuis 2011, la participation d’Authon à cet événement national remet au goût du jour les veillées chantées dans l’église Saint-Lubin, renouant aussi, par la même occasion, avec la mémoire religieuse et culturelle du village (source : Nuit des Églises, 2022, diocèse de Blois).

Petites manies, phrases et clins d’œil locaux

On ne peut pas parler de traditions sans évoquer le parler authonnais et ses saveurs. Ici, il y a les « galoches » (les bottes), les « courtils » (jardins maraîchers), ou encore l’expression « il fait le vent de la foire » – comprenez qu’il fait un vent à décorner les bœufs. Et puis, il y a ce réflexe : à chaque pluie drue, surveiller la Bûchette (le ruisseau local)... pas tant pour les crues, mais parce que « s’il court trop clair, le poisson est futé ! »

Certains gestes, anodins ailleurs, prennent ici valeur de marqueur local : cueillir les pissenlits au sortir de l’hiver, partager les œufs de la dernière poule ou échanger une poignée de cresson contre une douzaine d’escargots ramassés au petit matin. Chaque maison, chaque famille, y va de sa tournure, construisant une tradition à taille humaine, qui n’est pas dans l’histoire officielle mais qui fait toute la couleur du village.

Un souffle villageois qui traverse le temps

Finalement, Authon ne revendique pas de « grande tradition » dont on ferait étendard mais collectionne une profusion d’habitudes, de rituels du quotidien et de rendez-vous communautaires qui, ensemble, créent une authenticité inimitable. Le passage de témoins entre générations, le goût du partage, la redécouverte de gestes anciens et l’invention de nouveaux rituels tissent une âme vivante. Venir à Authon, c’est s’inviter dans ces traditions discretement partagées, où, tout compte fait, l’essentiel tient surtout à la chaleur humaine et à la simplicité assumée des rencontres et des saisons.

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